Un peu de moi

Cet article est un peu différent des autres, il est plus personnel. Attention, pavé !
J’ai souhaité écrire ces mots pas seulement parce que j’ai photographié ma grossesse mais aussi parce qu’avoir ce petit être n’a pas été un parcours tranquille et que je pense que beaucoup de femmes et de couples se reconnaîtront dans mon récit.
Il y a 5 ans, nous avons eu notre premier garçon, Gabriel. Il a mis du temps à arriver. 18 mois avant que je tombe enceinte pour être exacte. Pas de problème de santé mais cela ne prenait pas. C’est au dernier mois d’essai (car on se mariait l’année suivante et je ne voulais pas être enceinte au mariage) que cela a pris (le cerveau contrôle sûrement un peu tout ça).
Bref, après 3ans, nous avons décidé d'avoir un deuxième enfant. Nous ne voulions pas trop d’écart entre les 2 enfants. 3ans-3ans ½ c’était bien, mais commencer avant était risqué pour mon travail. Avec les mariages, je réfléchis plus et je calcule. Fin juin 2019, j’enlevais donc mon moyen de contraception. En août, je tombe déjà enceinte. Je suis sur un nuage. Avec mon mari, nous sautons de joie même si nous savons qu’il faut garder à l’esprit que cela peut ne pas tenir. Tout se passe bien, je me porte plutôt pas mal. A un mariage en septembre, en plein reportage, je vois un peu de sang très clair en allant aux toilettes. Cela me stresse et je commence à psychoter. La fin du reportage à été dur. Compliqué de se concentrer ! Mais je n’ai pas revu de sang ensuite, pas de mal de ventre ou autre. Je garde tout de même une mauvaise intuition en moi. Quelques jours plus tard, je ne fais que de pleurer. Je sens que quelque chose ne va pas. J’appelle mon mari au travail et on décide de se rejoindre aux urgences de Laval pour faire une vérification.
Arrivés là-bas, avec Gabriel sous le bras, la médecin me rassure et décide de me faire une échographie pour être sûre à 100%. Elle me dit que tout va bien, que je dois même être enceinte de plus longtemps que prévu (j'étais à 7semaines de grossesse). Pas de coeur qui bat car c’est trop tôt apparement. Je repars avec ma petite photo que je n'arrête pas de regarder. Nous sommes soulagés mais je garde ce truc au fond de moi qui me fait dire qu’on verra avec mon gynécologue la semaine prochaine lors de mon rendez-vous.
Le fameux rendez-vous arrive et là, c’est la douche froide dès qu’il allume l’appareil. Pas de battement de coeur. Il me dit direct qu’il y a quelque chose qui ne va pas. L’oeuf est vide. Je lui explique ce que la médecin m’a dit la semaine dernière. Il me dit que peut-être je suis enceinte de moins longtemps et que c’est peut-être pour cela qu’on n’entend et ne voit rien. On décide d’attendre et de faire des prises de sang. J’en fais 2 espacées de 2 jours. Mais les résultats ne sont pas bons. L’oeuf est bien vide. A 2 mois de soi-disant grossesse, je me retrouve sans rien. Je dois prendre un médicament pour évacuer tout cela. Déception car nous repartons à zéro. Sentiment d’avoir perdue 2-3mois. Le moral n’est pas bon mais j’essaie de rester positive et je me dis que ça a pris super vite donc il n’y a pas de raison que ça ne reprend pas. Mais plusieurs mois se passent et toujours rien. Pas de signe de nouvelle grossesse. Par contre, les réflexions des gens ne s’arrêtent pas : « alors, c'est pour quand le 2eme ?, va falloir s’y mettre », « Gabriel est grand, il faut faire le 2eme rapidement, faut pas traîner ».
- Petit message aux gens qui disent cela : « STOOOOOP ». Vous ne savez pas ce que les couples vivent. Même s’ils vous disent qu’ils ne veulent pas d’enfant, même s’ils vous disent qu’ils veulent attendre, c’est peut-être un moyen de se protéger, de ne pas parler de leur douleur, qu’on ne leur pose pas de question sur leur parcours. Et peut-être qu’ils n’en veulent vraiment pas et cela les regarde. Cela ne concerne personne d’autre, s’ils veulent vous en parler, ils le feront. C’est surement une simple question pour vous, un sujet de conversation, mais cela peut faire mal, très mal. Combien de fois j’ai eu envie de renvoyer chier la personne, j’ai eu envie de lui crier dessus, j’ai eu envie de pleurer. Vous ne savez pas et cela ne vous regarde pas… Désolé, c’était mon moment coup de gueule. Parenthèse fermée-
Bon bref, en juillet, je fais donc une injection pour avoir plus de chance que cela prenne. Et bingo, ça marche ! Je ne saute pas de joie. Souvenir de la dernière fois qui revient ? Mauvais pressentiment ? Je ne sais pas, mais je reste sur mes gardes.
Nous partons en vacances en haute-savoie. Je fais je ne sais combien de tests pour voir si je suis bien enceinte car j’ai quelque chose qui me fait dire que ca ne se développe pas. Les tests sont positifs mais je n’y crois qu’à moitié.
Puis un matin, je me lève et j’ai des traces de sang. Un tout petit peu mais à chaque fois que je vais aux toilettes. Je regarde sur internet (je sais, ce n’est pas bien) et cela est assez rassurant. Mais après une journée, nous décidons d’aller aux urgences d’Annecy. Les examens ne sont pas bons et quand je vois le matériel d’occultation remplit de sang quand elle le retire, je me doute que cela n’est pas bon signe. Mais la médecin me dit que cela peut arriver parfois et ca ne veut pas forcement dire que c’est une fausse couche. Je reviens 2 jours après pour une prise de sang et les résultats montrent bien que je fais une fausse couche. Même si je n’étais pas vraiment surprise, c’est dur à encaisser. J’ai pleuré toute la nuit non-stop. Je n’étais enceinte que de 3 semaines mais c’est un nouvel échec. Nous sommes en vacances, avec la famille de mon mari, donc après une journée compliquée, je vais "mieux". Je rigole, fais la fête et oublie un peu tout. Mais le retour est plus compliqué. Je me jette sur le travail et essaie de ne pas y penser. Les 2 mois qui passent sont hyper dur psychologiquement. J’essaie de me dire qu’il y a pire que moi, que je ne peux pas me plaindre, ca ne fait pas si longtemps et que je n’ai pas fait tant de fausses couches que ca. Mais je suis sur les rotules. Je me sens vidée, fatiguée, au bout du rouleau, comme dans un état dépressif. J’ai des vertiges et je pleure pour un rien. Je me doute que c’est le contre coup mais je ne peux rien faire.
Je décide de retenter l’injection une dernière fois avant de faire une pause car je sens que mon corps est épuisé. Je fais donc l’injection la veille du mariage de ma soeur, en septembre. Je fais un malaise juste après l’injection. Je me voyais partir, mes oreilles sifflaient et je ne voyais plus rien. Mais après quelques minutes, je reprends des forces. Le mariage me fait du bien, je m’amuse et je n’y pense pas, enfin presque puisque nous devons quand même nous éclipser pour concevoir ce potentiel bébé. Moment pas romantique du tout mais bon, pas le choix et pas envie d’avoir eu cette injection pour rien, je veux au moins tenter.
Les jours qui suivent, je suis malade. Pas de nausée ou autre mais une angine. Je suis sous antibiotiques donc le bébé, je le sens mal. Ca part mal en tous les cas. Les jours passent, le moment de voir arriver les règles approche mais rien. Bon je ne suis pas du tout bien régler donc je ne m’en fais pas. J’attends, j’attends encore mais rien. Nous partons à Center Parcs. Je prends ce qu’il faut car je sens que ca va arriver pile au moment de profiter des piscines. Mais rien. Je dis à mon mari que je vais faire un test au retour mais que je n’y crois pas. J’ai tous les symptômes des règles donc ca doit être juste que je suis vraiment pas réglée, et ca ne serait pas la 1ere fois. Au retour, un matin, je me réveille avec ce sentiment que je suis enceinte. Difficile à expliquer mais c’est ça qui m’a réveillée. Je me lève donc avec ce petit sourire. Je fais le test et là, comme je l’avais pressentie juste avant, je suis bien enceinte. Bizarrement, je le sens bien, je ne stresse pas, je me dis que cette fois-ci c’est la bonne. Je le dis à mon mari quand il rentre du travail. Les mois passent et tout va bien. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu des moments de peur, de doute… mais ma grossesse se passe normalement et mon pressentiment se confirme, cette grossesse ira au bout ! Notre famille va s’agrandir. J’ai envie de profiter de chaque moment, quand il sera là, j’ai envie de l’allaiter, moi qui refusait de le faire. J’immortalise le plus possible cette grossesse comme pour me souvenir de ce moment, comme pour me rappeler que je l’ai été.
Bébé arrive enfin le 2 juin 2021. C’est un garçon, un deuxième ! Un petit Martin. Je m’attends aux réflexions : « ah mince un autre garçon, pas trop déçue ? » …. Non non pas déçue d’avoir un bébé en bonne santé, d’avoir la chance d’avoir un petit être à aimer. Alors oui, j’aurai aimé avoir une fille mais une famille heureuse ne se définit pas aux sexes de tes enfants, si ? - Autre message aux gens qui font cette réflexion - Bref, mon bébé est là et je l’aime instantanément (pour Gabriel, j’avais mis beaucoup de temps à réaliser que j’étais maman, que j’avais un enfant, qu’il dépendait de moi. Ce sentiment d’amour fou a mis du temps à venir, c’est dur à dire et certains me jugeront peut-être là-dessus mais je n’en ai pas honte. Le corps et l’esprit ne se maitrisent pas. J’aime mes enfants de la même façon, il y a juste eu un temps d’adaptation dans cette nouvelle vie de famille)
Je commence l’allaitement. Nouvelle aventure. Moi qui pensait cela naturel et inné… et bien pas du tout. Pendant 2 jours, les sages-femmes se passent le tour pour m’aider à allaiter Martin. On oublie sa pudeur hein ? son intimité et on se laisse faire. J’ai pensé arrêter mais j’ai tenté encore et l’allaitement s’est enfin mis en place. Pendant une 10e de jours, tout s’est bien passé. Bon, les tétées étaient souvent revenues, plus qu'avec un biberon. La nuit je me voyais tirer mon lait car Martin dormait trop longtemps et mes seins ne supportaient pas… Et puis après une crevasse, 2 états grippaux dûs à une mastite, la reprise du travail qui arrivait, j’ai décidé d’arrêter l’allaitement. Je n’y voyais plus d'avantage.
J’ai diminué progressivement les tétées. Je suis passée de 10 tétées par jour à 3. Et le moment de tout arrêter est arrivé et le cafard avec. Sensation bizarre car j’en avais tellement bavé avec l’allaitement que je ne voyais pas pourquoi j’étais triste. Une séparation ou un échec pour moi, peut-être. Je me dis que j’aurai tenu 1 mois ½, c’est déjà ça. Pas de regret, j’aurai tenté, je saurai ce qu’est l’allaitement.
Maintenant, je passe la main au papa la nuit, ce qui n’est pas négligeable.
Alors notre parcours est loin d'être le plus difficile mais j’avais envie de partager tout cela; pour dire aux gens d’arrêter de poser leurs questions débiles et dire aux couples qui galèrent que j’admire leur courage et leur persévérance.
